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Noces d'un banquier italien installé à Bruges
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Jan van Eyck, 1434, 82 * 60 cm, peinture sur bois, National Gallery, Londres

*Jan Van Eyck (ca 1390 à Maaseik - Ý 1441 à Bruges). Peintre flamand, il devient en 1425 à la fois le valet, le peintre et le confident de Philippe le Bon, duc de Bourgogne et comte de Flandre. En 1431 il s'établit définitivement à Bruges. Déjà fermement établie, notamment avec son tableau La Vierge du chancelier Rolin (1413), sa renommée grandit à partir de l'inauguration du retable de l'Agneau mystique (1432).

Van Eyck est le principal peintre de la Renaissance flamande. Ses tableaux donnent l'impression d'espace grâce à une grande maîtrise de la perspective. Il perfectionne la technique de la peinture à l'huile (les terres et les couleurs sont mélangées avec de l'huile au lieu de l'eau) qui permet un meilleur rendu des matières, une meilleure représentation de la lumière, et une extrême précision de la touche . Il fut proposé comme modèle aux peintres Vénitiens de la fin du siècle.

Dans le tableau, Les époux Arnolfini, Le peintre flamand a voulu fixer, en témoin de l'événement, l'union du négociant italien Arnolfini (originaire de Florence, il était fournisseur, prêteur et conseiller de Philippe le Bon) qui vivait à Bruges, et de son épouse Giovanna Cenami (fille d'un autre riche marchand italien installé à Paris).


Les banquiers italiens étaient, à cette époque, l'une des plus grandes puissances de ce monde occidental bâti sur un axe Flandre-Italie. Ce sont eux qui ont inventé le système bancaire, tel que nous le connaissons à l'heure actuelle.

A Bruges, les frères Arnolfini rencontraient tous les jours les commerçants chez l'un d'entre eux, un certain Van der Buerze. Ils parlaient affaires, et c'est ainsi que naquit l'institution sur laquelle repose le capitalisme : la bourse.

 

Arnolfini est un riche marchand italien travaillant à Bruges. Intéressé à l'art, il demande à Jan van Eyck de peindre ses noces. Ainsi par bien des aspects de sa vie Arnolfini permet d'étudier les évolutions sociales du XV° siècle.
La femme, Giovanna, est soumise à son mari. L'attitude et le regard témoignent de cette situation.

l'homme est représenté du côté de la fenêtre, donc de l'extérieur et du monde des affaires; la femme est représentée du côté du lit c'est à dire du foyer familial.

 

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- un homme riche et puissant comme en témoigne le logement dans lequel il vit et ses habits, courtisan probablement le commanditaire de l’œuvre.
Son costume : une huque de velours, sorte de grand manteau aux bords garnis de fourrure, un pourpoint noir aux poignets brodés d’or, vêtement court apparu vers 1340, des chausses, sortes de bas qui s’attachent au pourpoint et qui peuvent avoir des semelles, un chapeau de feutre


- La femme porte une robe de drap verte ; depuis l’apparition du pourpoint pour les hommes, la différence de vêtement est davantage marquée, la mode veut des femmes à la silhouette allongée et au ventre proéminent, ce qui est obtenu avec des coussinets sous la robe et une ceinture haute. Les manches de la robe sont garnies de fourrure.
En dessous, elle porte un doublet, vêtement long en toile ou en soie qui sert aussi de robe de chambre ( à partir du 17ème siècle, on différenciera le haut, le corps, du bas, la jupe).
Les cheveux sont rassemblés en truffeaux enveloppés dans une résille dorée sur les tempes ; on y pose une coiffe, la huve. L’ensemble est appelé coiffure à cornes (et a été combattu par l’Eglise car les cornes évoquent le diable). Elle porte un double collier d’or, un anneau à l’annulaire ; elle est déchaussée (on voit ses “ babouches ”rouges au fond. )

La femme à un visage doux et peu expressif; elle est jeune, fraîche et semble soumise.

La femme porte une lourde robe de cérémonie, son ventre est proéminent. Mais il semblerait, malgré tous les détails du tableau évoquant la maternité, qu'elle ne soit pas enceinte, c'est un signe de fertilité. Un coussin est probablement posé à hauteur de son ventre, car petite poitrine et ventre rond étaient à la mode en cette époque du gothique flamboyant. D'ailleurs les couleurs des vêtements ont un sens : le vert signifie l’espérance (d’une maternité), le bleu la fidélité et le blanc la pureté.


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Il s'agit donc ici d'une scène de mariage. Un mariage qui a lieu chez soi et entre soi, comme c'était la coutume à l'époque. Il faudra attendre le concile de Trente ( le 13 décembre 1545) pour que s'impose la présence d'un prêtre et de deux témoins officiels aux mariages, qui n'avaient toujours pas lieu à l'église.



La fidélité connue du chien envers ses maîtres a fait de cet animal un symbole de la fidélité conjugale dans de nombreux tableaux.

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Derrière le couple, une paire de sandales féminines semble oubliée. Il ne s'agit pas ici d'une négligence, mais d'un autre signe nous certifiant qu'il s'agit bien d'une scène de mariage. Il se réfère à une phrase de l'Ancien Testament :

Et Dieu dit : N'approche point d'ici ; enlève tes sandales de tes pieds, car l'endroit sur lequel tu te tiens est une terre sainte. (Exode, 3,6.)

Les deux époux, pieds déchaussés, sont sur la terre sainte et s'administrent mutuellement le sacrement du mariage.



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Sur un coffre derrière Arnolfini sont posés des fruits. S'il s'agit d'oranges, il représentent l'innocence d'avant le péché originel. Si ce sont des pommes, ils symbolisent la Tentation au jardin d'Eden.

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Sur le coté gauche du tableau, à travers la fenêtre on peut voir un oranger chargé de fruits. Ceci renforce la symbolique du péché.






La fenêtre porte, dans sa partie supérieure, des vitres formées de verres ronds . Pour des raisons économiques, le bas de la fenêtre n'a pas de vitre. Il se ferme avec des volets.


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Le lustre en cuivre porte une seule bougie allumée sur la gauche, symbole d'amour nuptial. Il évoque également l'oeil du Christ.

La figurine de bois au sommet de la cathèdre derrière la femme représente Sainte Marguerite, patronne des futures mères.

Le lit tendu de rouge évoque la relation charnelle du couple et son aboutissement qu'est l'enfantement.




Comme souvent chez Van Eyck, le sujet officiel de la peinture n'est qu'apparent. Il s'agit d'illustrer un mariage, bien sûr, mais aussi d'entreprendre des recherches picturales, de tenter de capturer le monde en deux dimensions. En vérité, le véritable sujet de ce tableau est en son centre, et c'est le miroir.

Un miroir convexe composé d'un mélange de verre et de métal, enchâssé dans un cadre de bois. Dix médaillons le décorent, illustrant des scènes de la Passion du Christ. Dans ce miroir, le reflet de deux personnages. L'un en rouge, l'autre en bleu. Il s'agit sans aucun doute des deux témoins du mariage, convoqués pour attester de la régularité de ce mariage morganatique. L'un de ces deux témoins est peut-être Jan Van Eyck lui-même, qui a écrit sur le mur au-dessus du miroir : Johannes de eyck fuit hic (était là) au lieu de fecit (l'a fait).
Le miroir a un intérêt dans le travail de représentation du volume de la pièce. Par ailleurs il porte un sens symbolique fort : le miroir sans tache représente la virginité de la femme.





Les symboles moraux sont donc des points essentiels du tableau : les fruits (le péché) et le miroir (la pureté).

Le miroir est décoré d'une série de miniatures représentant les principales étapes de la passion du Christ.

Réutilisation contemporaine de l'oeuvre :

parodie de Fernando Botero, peintre et sculpteur colombien.

 


Générique de la série américaine desperate housewives